EPIDEMIOLOGIE DE LA LITHIASE RENALE
La lithiase rénale est fréquente et en progression dans tous les pays industrialisés. Les premières études de population sont tardives. Elles ont commencé dans les années 1970-1980 en Scandinavie. Puis d’autres études sont arrivées. Les principaux éléments épidémiologiques retenus sont les suivants :
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En Scandinavie dans les années 80, 19% des hommes de plus de 60 ans avaient des antécédents de lithiase.
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En Allemagne, en 1980, la lithiase rénale progressait dans son ensemble de 17% ; ces chiffres ont été confirmés au début des années 2000.
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En Italie la prévalence touche au moins 10% de la population avec une nette prévalence dans le sud.
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En 2001 une étude Espagnole a montré une incidence de 2.66 pour 1000 habitants soit une prévalence supérieure à 10% chez les sujets de plus de 60 ans.
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Aux Etats-Unis on note une augmentation de près de 62% dans les années 80 et 90. La disparité régionale est réelle avec une prévalence augmentée dans le sud. Dans le Tennessee elle peut affecter près de 18% de la population.
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Enfin au Japon entre 1965 et 1995 la prévalence de la lithiase a doublé.
En France la prévalence est de 10% de la population adulte. Le taux de récidive est de 50% avec une période d’accalmie moyenne de 3,5 ans entre deux épisodes. Un tiers des patients ont au moins trois épisodes lithiasiques au cours de leur vie. Le rapport H/F 2.07 environ. Dans les autres pays industrialisés ce rapport a tendance à diminuer au profit des femmes.
Evolution de la composition des calculs sur les 20 dernières années en France
La composition diffère chez l’homme et chez la femme entre deux décennies (1990-1999 vs 2000-2009)
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Les calculs d’Oxalate de Calcium et d’Acide Urique sont plus fréquents chez l’homme alors que les calculs de phosphate de calcium sont plus fréquents chez la femme.
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Toutefois chez l’homme les calculs de Weddelite ont eu tendance à régresser entre deux décennies (25,3 vs 23,4%) tandis que les calculs d’Acide Urique ont augmenté (+23% entre deux décennies).
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Chez la femme les calculs de Brushite (forme récidivante) ont progressé de 0.4 à 1%, tandis que les calculs Phospho-Ammoniaco-Magnésien ont régressé.
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Les lithiases liées à la cristallisation de médicament ont considérablement régressé chez l’homme.
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Enfin les calculs développés sur plaque de Randall (dépôts phospho-calciques intra-tubulaires) ont tendance également à diminuer.
Influence de l’âge
Chez l’homme jeune la weddelite prédomine (45%) suggérant un phénomène d’hypercalciurie. Au-delà de 30 ans la Whewellite augmente et culmine à 59% dans la tranche 50-59 ans. Enfin l’Acide Urique culmine à 30% chez les plus de 70 ans alors qu’elle n’est que de 1% chez les moins de 30 ans.
Chez la femme la Whewellite est la forme prédominante dans toutes les classes d’âge avec un pic de fréquence à 53.9% entre 40 et 49 ans. L’acide urique représente 20% après 70 ans.
Surpoids, Obésité et Syndrome métabolique
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Surpoids
La prise de poids est constante ces dernières années dans la population française avec une prévalence d’obésité de l’ordre de 15%. Dans le même temps on note une proportion importante de sujet obèse chez les lithiasiques de sexe féminin (18,9%) non retrouvée chez l’homme (11,4%). Ceci suggère que les femmes sont plus sensibles aux conséquences lithogènes de l’obésité. La prévalence aux Etats-Unis de la lithiase est supérieure chez les sujets en surpoids ou obèses en comparaison avec des sujets de poids normal.
Chez les diabétiques de type II la prévalence de la lithiase est plus élevée que dans la population générale. La proportion de calcul d’acide urique est supérieure que chez les patients obèses non diabétiques, spécialement chez la femme.
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Causes génétiques
Les lithiases rénales induites par des maladies héréditaires monogéniques sont relativement rares mais souvent sévères, d’où l’importance de les diagnostiquer précocement. La fonction rénale est souvent altérée en raison de l’évolution de ces pathologies.